Les travailleurs des médias, du spectacle et des arts et la réforme des retraites en France - entretien avec William Maunier

Les travailleurs des médias, du spectacle et des arts et la réforme des retraites en France - entretien avec William Maunier

En France, les travailleurs et leurs syndicats mènent une lutte acharnée pour protéger des retraites de qualité. Le président français Macron a contourné la chambre basse du Parlement pour faire passer une réforme radicale. Celle-ci porte notamment à 43 le nombre minimum d'années travaillées pour obtenir une pension complète, soit l'un des taux les plus élevés de l'UE.

Le 1er mai, UNI Europa a rejoint le mouvement syndical français pour une manifestation de masse dans les rues de Paris. L'action a réuni toutes les confédérations syndicales de France. Nous avons rencontré William Maunier, président de UNI Europa Media, Entertainment and Arts. Il nous a expliqué comment les personnes travaillant dans la radiodiffusion, le cinéma et le spectacle vivant sont impliquées dans la lutte pour des pensions équitables et l'impact de la réforme sur les secteurs culturels.

Pour les travailleurs des secteurs culturels, quel est l'impact de la réforme proposée par le gouvernement ?

WM : L'impact de la réforme est considérable. Ce sont les personnes déjà les plus vulnérables qui sont les plus touchées : les plus précaires et celles qui ont déjà des carrières non uniformes, souvent des femmes, avec des contrats permanents courts et des carrières souvent interrompues prématurément. C'est le cas d'une grande partie des travailleurs du secteur de la culture, du divertissement, des médias et des arts.

La forte réaction des travailleurs et de leurs syndicats fait des vagues au niveau international. À l'étranger, les manifestations nationales sont les plus visibles. Y a-t-il également des activités sur le lieu de travail ?

WM : La contestation de la réforme Macron est profonde et s'est manifestée au niveau de chaque entreprise par des taux de grève cumulés massifs, y compris dans des secteurs où la contestation est habituellement moins visible, comme les petites et moyennes entreprises privées. 70 % des Français et 95 % des travailleurs rejettent cette réforme.

Comment expliquez-vous l'ampleur de la réaction ?

WM : L'âge de la retraite était une ligne rouge que tous les syndicats avaient fixée au gouvernement. Cette réforme, selon la plupart des experts, n'était pas nécessaire. Les syndicats ont fait des propositions concernant le financement des retraites, comme la lutte contre le chômage très élevé des seniors (plus de 40 % des 55-64 ans sont au chômage), ou l'égalité salariale entre les femmes et les hommes, qui reste très importante en France, et qui aurait contribué à augmenter les recettes. Outre le caractère antisocial du contenu de cette réforme, le gouvernement, après une pseudo consultation - qui n'était pas une négociation puisqu'il a refusé de discuter du report de l'âge - a décidé de passer en force en contournant l'Assemblée nationale, où il n'avait pas la majorité, pour faire passer sa réforme. Pour ce faire, il a utilisé le 49.3, un article de la Constitution française jamais utilisé dans un tel contexte et qui constitue une véritable provocation. Ce déni de démocratie a provoqué encore plus de colère chez les travailleurs qui sont les principales victimes de cette réforme.

Le modèle français, avec son très faible taux de pauvreté chez les retraités, est un exemple pour de nombreux pays. Ce combat a-t-il une dimension européenne ?

WM : Cette lutte a une dimension européenne parce qu'elle s'inscrit dans le cadre d'une attaque plus globale que nous constatons un peu partout en Europe. Il s'agit d'une attaque contre les droits des travailleurs, leurs protections sociales et les conventions collectives. Elle se traduit par une répartition de la valeur produite qui favorise de plus en plus le capital au détriment du travail. C'est pourquoi les travailleurs français ont reçu un tel soutien de la part de leurs collègues européens et de leurs syndicats.

Maintenant que le gouvernement a imposé l'adoption de cette loi en contournant l'assemblée nationale, comment le mouvement syndical va-t-il réagir ?

WM : Le mouvement syndical est uni ; nous poursuivrons la lutte jusqu'au retrait de cette réforme antisociale, en protestant et en nous mobilisant dans les entreprises et dans les rues.

 

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